ECTRA est une entreprise de stockage de produits chimiques, installée dans le parc technologique de Crolles à proximité de ST Microélectronique.
Une enquête publique vient d’avoir lieu suite à une demande d’extension des capacités de stockage. L’entreprise sera alors classée en type « Seveso niveau haut »


La société ECTRA a installé un site à Crolles en 2018 dédié au stockage et à la logistique de pièces et de produits chimiques pour ses clients du bassin grenoblois, particulièrement ST Micro et SOITEC situés à proximité. Dans le cadre du projet initial, le site a été classé en « enregistrement » au titre des installations classées concernant le stockage de matières non dangereuses et en « déclaration » pour plusieurs rubriques associées au stockage de produits chimiques.

L’activité ne concerne que de la manutention de contenants clos, aucun transvasement de produit ou de reconditionnement n’est opéré sur le site. Aucun produit gazeux, ni produit en cuve ou réservoir n’est stocké. Les capacités des contenants stockés varient de quelques millilitres jusqu’à des containers de 1000 litres.

En novembre 2022 la société a fait une demande visant à augmenter la capacité de stockage de certains produits chimiques tout en conservant l’enveloppe initiale du bâtiment existant, sans modification structurelle, par réorganisation des stockages. Sur le plan administratif, le site sera classé Seveso Seuil Haut (SSH) compte tenu des quantités et des caractéristiques des substances dangereuses entreposées sur le site.

Concernant les aménagements intérieurs et notamment les superficies des différentes cellules de stockage, le projet n’engendrera pas de travaux, le bâtiment et toutes les infrastructures étant déjà existantes depuis 2018.

Les zones d’habitations les plus proches sont distantes de plus de 500 m au nord-ouest. Le site emploi environ 60 salariés.

La mission régionale d’Autorité environnementale (MRAe) a été saisie le 23 mai 2022 pour avis.

Pour l’Autorité Environnementale, les principaux enjeux du territoire et du projet sont :

  • le risque incendie, avec des zones de dégagement de fumées toxiques qui empiètent à l’extérieur des limites de propriété du site
  • la ressource en eau dans un contexte de risques d’inondation
  • le changement climatique et les émissions de gaz à effet de serre

Le projet met en œuvre des mesures visant à préserver la qualité de l’eau (pré-traitement des eaux de voirie, stockages sur rétention, bassin de récupération des eaux d’extinction incendie, dalles bétons étanches, …) mais n’évoque pas les conditions dans lesquelles seront évacuées les eaux d’extinction d’incendie ou les produits chimiques de la zone de livraison qui se retrouveraient dans le bassin de rétention en cas de crue.

Concernant le risque d’incendie, le scénario de dispersion de fumées toxiques n’est pas étudié en profondeur compte tenu du fait qu’elles n’atteindraient pas le sol. Les conséquences, sur l’environnement ou la santé humaine, d’un rabattement au sol de ces fumées par la pluie ne sont pas évoquées par le dossier. Il n’est pas non plus prévu de mesure visant à informer la population sur la conduite à tenir ou les conséquences d’un tel évènement. Le dossier doit être complété sur ce point.

Un bilan carbone complet incluant les consommations dues au fonctionnement des installations du site et le trafic routier généré par le projet doit être réalisé.

Suite à cette demande et à l’avis de l’Autorité environnementale une enquête publique a eu lieu et s’est close le 28 mars 2023.

GRENE après avoir étudié le dossier a émis un avis qui a été remis à monsieur Jean-Marc VOSGIEN commissaire enquêteur avec les remarques suivantes qui nous ont amené à émettre un avis défavorable à l’agrandissement tant que des réponses claires et convaincantes ne seront pas apportées:

  • Les bâches en polypropylène résistent-elles en cas d’incendie ? Ne risquent-elles pas d’être détériorées dans ce cas ?
  • En cas d’incendie, les secouristes sont-ils informés de la nocivité des produits stockés ? Quels sont les moyens mis en œuvre pour alerter la population locale en fonction des vents dont la direction est imprévisible le jour de l’accident éventuel ?
  • En cas de conjonction d’un incendie et d’une crue importante de l’Isère comment éviter qu’un effet cumulé du feu et d’une montée des eaux engendre une situation hors contrôle catastrophique comme on a pu le constater lors de l’accident nucléaire à Fukushima ?
  • Le risque d’attentat envisageable dans la situation locale et internationale troublée que nous vivons actuellement, n’est pas du tout abordé.
  • Comment est prise en compte l’éventuelle rupture d’un barrage en amont.
  • Quelle prise en compte d’une éventuelle rupture d’un barrage en amont ?
  • Les inspecteurs de l’Etat sont de moins en moins nombreux. Comment dans ces conditions assurer les contrôles nécessaires et réguliers ?
  • Qui assumera les responsabilités en cas de sinistre qui échapperait aux études initiales ?
  • En 2018 le site a été construit aux normes Seveso niveau haut mais non déclaré comme tel à l’époque. En 2023 la demande est faite. N’est ce pas du saucissonnage ?

Le problème le plus important est l’effet cumulatif des accidents : si le problème « incendie » ainsi que le problème « inondations » sont bien pris en compte, la survenue simultanée des deux événements n’est pas abordée. Or nous le savons, toutes les grandes catastrophes ne sont jamais liées à un seul problème mais dans la plupart des cas à l’addition de plusieurs.

 

 

 

 

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