Les projets de méthaniseurs à Lumbin et à Tencin doivent s’intégrer dans une politique d’agriculture durable.


GRENE est évidemment favorable aux énergies renouvelables, permettant d’économiser le carbone fossile. Encore faut-il que le bilan soit effectivement positif pour le climat et pour l’environnement : c’est à dire, dans le cas de la méthanisation, pour le carbone de l’atmosphère, mais aussi  pour le carbone du sol sous ses diverses formes (stable ou « labile »), et sur la biodiversité dont avant tout celle du sol.  Seule une étude d’impact détaillée au cas par cas, portant sur l’ensemble du système agricole concerné peut permettre d’en juger.

Trois aspects doivent être évalués :

– Substitution au carbone fossile : l’énergie renouvelable récupérée, issue de la photosynthèse, permet d’éviter le déstockage de carbone fossile. Encore faut-il que les consommations intermédiaires de carburant  fossile (labours, transports, engrais…) ne soient pas supérieurs à l’énergie récupérée, comme trop souvent dans le cas des agrocarburants. Or, en dehors des lisiers et fumiers, les méthaniseurs ont aussi besoin de produits carbonés solide : en pratique du maïs fourrage en « culture intermédiaire à valorisation énergétique » (CIVE), ce qui ramène au problème des agrocarburants, avec notamment des besoin accrus d’irrigation en période d’étiage.

– Stockage de carbone stable dans le sol : le carbone stable  stocké durablement sous forme d’humus permet la structuration physique des sols (perméabilité, porosité, cohésion, pénétration des racines) par la formation d’un « complexe argilo-humique ». Les sols agricoles ont été très appauvris en carbone par l’agriculture intensive des 60 dernières années (jusqu’à 1% par an du stock ) : il y a donc une opportunité de restockage à long terme, en rattrapage de ces pertes historiques. L’objectif « 4 pour 1000 » de la COP 21 est de récupérer 0,4% par an ( https://www.4p1000.org/fr  ). L’épandage des résidus de la méthanisation, plutôt formés de carbone stable, est un moyen d’entretenir le stock d’humus des sols, et peut-être de restocker, mais on manque de connaissances sur leur assimilation effective et durable par les sols dans le « complexe argilo-humique ».

– Biodiversité du sol : les composés carbonés « labiles » du sol, c’est à dire facilement décomposables, forment le carburant des organismes du sol. Ils sont une composante essentielle du cycle du carbone dans le fonctionnement naturel des sols tel que l’agroécologie s’attache à le restaurer, et doivent être renouvelés en permanence pour assurer un fonctionnement durable, dans les sols structurés par le carbone stable. Or l’exportation totale des CIVE, coupées jeunes et tendres pour être bien digérés par les méthaniseurs, prive les sols de ces composés labiles. Elle les prive également de l’azote fixé par les CIVE.

C’est sur ces trois éléments qu’il faut évaluer la pertinence d’un projet de méthanisation, par une étude d’impact portant sur la durabilité de  l’ensemble du système agricole concerné par le projet. Sans compter les autres questions environnementales : consommation d’espace, impact paysager, pollutions et nuisances diverses, qui augmentent rapidement dès qu’on sort d’une logique générale de récupération de déchets pour passer à une logique de production industrielle à large échelle.

 

Sur notre territoire, deux projets ont été annoncés, l’un à Lumbin (abandonné à ce jour), l’autre à Tencin. De tels projets n’ont de sens que s’ils satisfont aux critères précédents, garantissant une agriculture durable sur les exploitations concernées, et plus globalement à l’échelle de la vallée sinon au-delà (d’où viennent les matières introduites ? ).

Nous demandons donc qu’une étude d’impact globale soit conduite à l’échelle de la vallée du Grésivaudan sur la pertinence d’une politique d’installation de méthaniseurs.

En attendant, un moratoire est nécessaire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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